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Dire Bonjour est à la fois simple et efficace tant qu’il est l’employé à bon escient ! Pour cela je vous renvoie à l’article précédent sur les mots justes à utiliser en pareille circonstance ( cf Nous sommes nous salués ? )
Mais dire Bonjour est une chose, comment le faire, ou plutôt comment accompagner le geste à la parole en est une autre. Voici donc quelques clefs …
En premier lieu il est important, voire, nécessaire ou vital dirai-je même, de préciser la règle intangible selon laquelle, c’est toujours la personne la plus importante qui décide la façon dont elle veut être saluée ! Dans les rapports hommes / femmes, c’est toujours la femme qui décide, à moins que l’homme ne soit en train d’exercer des fonctions publiques et officielles ou qu’il soit rompu au délicat geste du baisemain ! Mais même dans ce dernier il y a une initiation subtile de Madame.
Quand il y a des personnes de même sexe, c’est la personne la plus âgée qui prime, quand il y a coïncidence de sexe et d’âge, c’est alors la position sociale qui est le critère discriminant.
Une fois cette règle explicitée, voici les différentes façons de saluer ! Ce faisant on regarde toujours la personne que l’on salue. Rien n’est pire que de regarder ailleurs en disant bonjour, ou conversant. C’est aussi intangible que la question de l’importance.
En France la première façon de saluer est de ne rien faire. Du moins ce n’est pas tout à fait juste, il s’agît en réalité de dire bonjour en accompagnant la parole d’une inclinaison brève de la tête tout en souriant ! C’est la synthèse contemporaine à la fois, de la révérence, et du geste pour les hommes qui portaient chapeau jusqu’il y a peu, où pour saluer autrui on l’ôtait. Mais attention la version contemporaine DOIT être concomitante du sourire, et un véritable sourire pas une esquisse timide ! Attention on ne montre pas toutes ses dents en souriants, vous n’êtes pas une jument ! Si le sourire n’est pas là, vous serez perçus comme snob !
Puis il y a une simple bise, sur le front ou la joue. En général ce geste est à sens unique, se sont souvent les grands-parents vis-à-vis de leurs petits enfants, ou des amants se disant au revoir. Le registre sentimental amoureux, flirte souvent avec les codes intergénérationnels, mais cela nous mènerait loin dans l’analyse ! Ce geste est paradoxalement très intime. C’est pourquoi en Belgique, il se pratique uniquement entre proches. Ils vont à l’essence même de la salutation ! Souvent la réponse apportée est une simple bise sur la joue du plus jeune vers son aîné. Ce geste est encore présent dans certains rites religieux, ou chevaleresque d’où il puise son origine.
Vient ensuite « la Bise » ! Ce geste est déroutant pour beaucoup. C’est une pratique qui se répand de nos jours. Il est à conserver pour les familiers ou les pairs, c’est-à-dire, les proches amis, parents et ceux qui ont une communauté d’intérêts, il signifie, je te reconnais comme mon égal. On rompt la chaîne de vassalité qu’il pouvait y avoir dans le code précédent ! En France, et de façon neutre, non quant aux régions mais par rapports aux milieux sociaux, on ne fait que deux bises. Cela choque souvent les étrangers, mais la structure française, n’est pas principalement basée sur les espaces géographiques d’origine, mais sur les milieux. Tout est fait pour que des personnes d’un même milieu puissent dès les salutations se reconnaître, du nord au sud de notre pays… cela vous choque ? Je vous laisse le volet politique de cette situation ! Les joues se touchent, mais il n’est pas nécessaire que les lèvres s’y mettent également !
Messieurs il est fondamental, vous le comprenez je suis sûr, que vous respectiez l’idée que c’est à la personne la plus importante de décider la façon dont elle veut être saluée. Et tout en étant factuel ! Les tergiversations, de « peut-être que »… et autres stratégies sont inutiles ! Sinon vous pourriez donner l’impression que vous forcez la bise ! Certaines personnes n’aiment pas cela et c’est leurs droits ! De surcroît, vous n’êtes pas toujours au courant de la vie des personnes que vous rencontrez, celles-ci peuvent être grippées, ou plus simplement pas d’humeur ! Hum hum, Respectez-le !
Viennent ensuite deux autres pratiques. La première est le baisemain. Assez formel et protocolaire, il ne se fait que dans les espaces privés et clos. Uniquement aux femmes mariées ou l’ayant été, ou occupant une position sociale dominante… Un espace public privatisé pour une occasion spéciale devient privé. Le parvis d’une église, ou la réception d’un mariage sont les seuls lieux extérieurs où il se pratique ! Jamais dans un escalier et sur le pas de porte. L’homme les pieds parallèles à la femme, la regarde dans les yeux en prenant son bras, qui attention ne doit pas bouger d’un iota, puis il baisse son regard en même temps que son buste, le bras ne bougeant toujours pas, sans pour autant jamais, au grand jamais, véritablement embrasser la main de Madame ! Si cette pratique se fait rare dans nos contrées, elle est très « populaire » en Russie et en Pologne, où certains hommes poussent l’audace à embrasser la main. Dans le cadre de ses fonctions, un officiel ne pourra le faire cependant.
La seconde bien plus répandue mais bien plus complexe est la poignée de main. Si dans un contexte professionnel, elle est pratiquée allégrement, elle peut être à la fois une marque d’intimité voire de connivence, elle est entre homme et femme, ou face à un client un mode formel de salutation. Elle ne s’accompagne jamais, ou ne le devrait jamais, de l’accolade. Dans ce cadre là, c’est au client de décider comment être salué. Il est toujours la personne la plus importante, même en présence d’un supérieur hiérarchique.
Dans un contexte privé entre homme et femme, elle peut-être interprétée plus froidement que le hochement de tête.
Enfin je conclurai par là ce très long article sur les salutations, en rappelant que serrer la main ce n’est pas broyer avec force la main de son interlocuteur. C’est en revanche, avoir une main franche et ferme. Pour cela il ne faut pas « armer son bras », c’est-à-dire, tendre sa main en partant de l’arrière de son propre corps et en relevant le coude, ce geste est agressif en plus d’être très désagréable. Les doigts et le poignet ne doivent pas bouger, ni être mous, le mouvement de va et vient se fait au niveau du coude et pas d’ailleurs, ni seulement au niveau du poignet ou sur l’ensemble du bras ! Mesdames, un petit truc sournois, il est vrai mais efficace, si vous croisez des hommes qui confondent fermeté et force, je vous invite à porter vos bagues vers l’intérieur de la main, et incruster dans leur paume les chats de vos bijoux. Vous en souffrirez tous les deux, mais il comprendra, du moins je l’espère qu’il faut être ferme et non fort !
Vous voilà désormais prêt à saluer correctement sans vous armer contre le monde !